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Le bal.

Ici commence le bal
Dans cette morne salle
La robe noire et sa flûte
Entament la ballade et exultent.

La pluie se déverse
Mélange d’eau et de sang
En une morbide averse
Sur ce qui reste des champs.

Et dans la ronde tournent
Morts et mourants
Et dans la ronde tournent
Nobles et déments.

Ici ne cesse le bal
Dans cette belle salle
La robe noire et sa flûte
Continuent la complainte de cette lutte.

Les cadavres pourrissent
Au bonheur des charognards
En cette nuit du solstice
Morts pour la rieuse gloire.

Et dans la ronde tournent
Les morts et les mourants
Et dans la ronde tournent
Déjà aux bras du néant.

Là continue le bal
Dans cette immense salle
La robe noire et sa flûte
Rient de ces brutes

Quel honneur dans ceci
Car aucune cause n’était leur
Et beaucoup ont fuit
Voyant leur dernière heure.

Ils sont morts pour rien
Croyant se battre pour le bien
Mais ils n’auront pas de repos
Délaissés par leurs dieux
Abandonnés au feu
Des anges du chaos.

K.

Elle danse.

« Elle danse.
Elle danse, seule, à demi nue, au milieu de cette horde de visages aux sourires lubriques, et d’yeux qui la déshabillent.
Elle danse.

Une lame dans chaque gantelet. Ils ignorent.
Elle danse.

Une main s’avance, et un léger déclic retentit.
Elle danse.

Des cris de surprise, des hoquets.
Elle danse.

Des rubans rouges autour de ses mains, suivant sa folle course.
Elle danse.

Ils essayent de fuir.
Elle danse.

Un par un ils tombent.
Elle danse.

Elle danse, sur leurs corps, figeant leurs rictus.
Elle danse.

Jusqu’au dernier,
Elle danse… »

K.

« Un bruit sourd. Le bois contre la pierre. Un second. L’acier cette fois. Son bouclier à terre, sa lame brisée dans ses mains, son armure maculée de sang cabossée et enfoncée par endroit. A genoux. Brisée. Les lèvres tremblantes, le regard relevé avec défi vers celui qui l’avait anéantie.
Une armure d’argent souillée de sang, tranchant de l’or et du bois de la salle du trône. Un fin sourire sous la capuche. Un bandeau sur les yeux. Battue par un aveugle… Le déshonneur et l’humiliation… Mais tous étaient morts autour d’elle. Plus de sujets. Plus de peuple. Anéantie. Plus la force de lever la tête. Ses pensées et sa vie s’écoulant de ses veines. Il la toise et se rit d’elle, appuyé sur le manche de son lourd marteau posé à terre. Froide caresse d’une lame sur sa gorge. Vidée. Plus de rage, plus de volonté. Froide caresse d’une lame glissant sur la peau. Chaud et bouillonnant flot de sang. Il sourit. Elle s’endort et s’affaisse. Il se baisse et la dépose doucement à terre. Il la regarde un instant, passé du sourire à la mélancolie. Combien étaient tombée ainsi ?Un geste bref de la tête. Il s’en va par les grandes portes. Une ombre parmi les ombres de la salle. Une psalmodie légère. Le frottement du tissus contre la pierre. Une silhouette en robe qui referme les portes derrière elle. Des flammes qui consument tout ce qui reste de la salle. La pierre, le bois, l’étoffe, l’acier, la chair, les os, l’âme et le souvenir d’une déchue.

Même les souvenirs se consument. Il ne reste qu’une ruine noircie à flan de montagne, abandonnée au temps et à l’oubli. »

K.

Debout au milieu des morts.

« Debout au milieu des morts sur ce qu’il reste du champ de bataille. Ses amis morts à ses pieds, ses ennemis aussi. Il contemple tout ça avec un froid détachement, se caressant sa barbe maculée de sang et de sueur. Un joyeux massacre. Son marteau encore tiède et rougis se repose déjà sur son épaule. Quelques bosses et creux sur son armure. Il réparera ça de retour à la forge, avec une bonne bière. Peut-être deux. Les autres survivants sont déjà repartis. Sauf quelques trainard cherchant un ami en priant, sans grand espoir, qu’il ne soit que blessé. Jeunes loups imbéciles. Pas de survivants. Jamais. Il hausse les épaules et se retourne, sa cape en peau d’ours volant autour de lui, son armure en plates d’aurum sertie d’obsidienne lui donnant un aspect lugubre parmi les morts. Au loin, la montagne. Trois jours. Peut-être deux. D’ici peu il sera de retour chez lui, sous ses rassurantes tonnes de pierre. Les bruit de l’acier s’entrechoquant succèdera à au chant de l’enclume.
Jusqu’à ce qu’a nouveau on l’appelle. Jusqu’à ce qu’a nouveau, il laisse libre court à sa véritable nature.

Une main sur son marteau, l’autre se grattant la barbe, avec comme seule pensée l’ours à la bière qui l’attendra sur la table, le reste de l’assaisonnement versé dans son habituelle choppe en bois, sur le rebord de la cheminée où ronflera un bon feu, la pipe posée sur la chaise. »

K.

« Les tirs fusent dans l’espace. Tout autour d’eux. Leurs boucliers tiennent encore, mais pour combien de temps. Presque tous les chasseurs ont déjà été abattus. Les batteries sont saturées. Trop de cibles, trop de paramètres.
-Vos ordres, Commandant ?
Il le toise. Trop impulsif. Trop aveuglé par ses rêves de gloire et de grandeur. Il secoue la tête.
-Préparez un bond.
-Mais, les chasseurs…
-Sont déjà perdus. Et nous avec.
-Mais commandant…
-Quittez le pont.
-Pardon ?
-C’est un ordre, Lieutenant.
Il exécute un rapide salut. Il apprendra avec le temps.
-Officier, préparez un bon aux coordonnées de secours.
-Bien Commandant.
-A toutes les batteries, concentrez le feu sur le croiseur.
-A vos ordres.
-Bond prêt.
-Faites revenir les chasseurs.
-Tout de suite.
-Préparez vous pour le bond. A mon signal. 3. 2. 1. Maintenant.
A cet instant, une lourde déflagration toucha le cuirassé. Tout de suite après, une vive lumière, et il avait disparu.
-Rapport des avaries ?
-Les secteurs 4, 8, 11 et 14 sont exposés au vide. Les secteurs 8 et 12 on été gravement endommagés, mais pas dépressurisés.
-12 des 152 chasseurs ont pu apponter avant le bond.
-Le nombre de mort s’élève à 1023 sans compter les pilotes. 4327 blessés.
-Le réacteur a fission à été endommagé par la torpille. Seuls les moteurs conventionnels sont utilisables.
-Boucliers à 1%
-Les batteries LEN et LaF sont neutralisées. Seules les batteries de missiles et les torpilles nucléaires sont en état.
Il passe la passerelle en revue et hoche doucement la tête. Il a connu pire.
-Je suis fier de vous. Ne pleurez pas les morts. Vous aurez le temps de le faire plus tard. Pour l’instant, nous avons une guerre à gagner.
Et en se retournant, son manteau volant sous ses spallières, il quitta le pont… »

K.

La route jusqu’à Stormwind fut longue. Mère m’avait fait accepter dans une caravane marchande. Je n’avais rien à faire. Les journées passaient sans que je ne sorte du chariot que lorsque le camp était dressé, et seulement pour quelques heures. La solitude ne me déplaisait guère. En fait, j’étais plutôt heureuse de la retrouver. Leurs regards pesaient lourd sur mon âme. Savaient-ils ce que j’étais ? J’en doutais. Non. Non… C’était autre chose. En y repensant, c’était peut-être simplement d’avoir une étrangère, qui plus est, toujours vêtue d’une robe noire et d’une longue cape rouge sang, la capuche continuellement baissée.
Je passais les jours à observer l’étui de cuir. Que contenait-il ? La curiosité brûlait mes mains et l’envie rongeait ma patience, mais j’avais fait une promesse. Je ne l’ouvrit pas. Et cet étuis devait renforcer l’animosité des gens de la caravane.

Mais le voyage passa. Et je me retrouvais par un matin clair, au pied de la Tour des Mages de Stormwind.

Je restais quelques heures, assise sur un tonneau, à contempler toute la majesté de ce lieu où je devrais passer dix longues années d’études. Les étudiants passaient sans me voir, gamine poussiéreuse vêtue si étrangement. Midi sonnait aux cloches de la Cathédrale quand je poussais lentement la porte du bureau du Premier-Enchanteur. A peine fus-je entrée qu’il m’interrogea sur la raison de ma présence ici, sans même lever les yeux du parchemin qu’il lisait. Je répondis simplement que j’obéissais à ma mère, en venant lui remettre une lettre. Il tendit la main, je posa l’enveloppe. Posant l’autre parchemin, il bisa le cachet de ma mère et entreprit sa lecture. Une fois terminée, il replia le vélin et le déposa sur son bureau. Il sembla méditer un instant, puis appela une jeune enchanteresse. Il lui ordonna de veiller à ce qu’une chambre me soit préparée. Elle hocha la tête et sorti. Le Premier-Enchanteur m’apprit alors qu’il acceptait la requête de ma mère car il lui devait ce service, et que mon instruction commencerait au matin suivant. La femme qui m’accompagnait serait celle qui m’instruira. M’inclinant légèrement et refermant la porte derrière moi, je jubilais intérieurement. Moi, pauvre fille de paysan, dernière de ses enfants, une véritable Mage ? Le sourire de l’Enchanteresse fit écho au mien. Me guidant à travers les couloirs, elle se présenta. Son nom était Lady Meril Stormbook. Malgré ses tempes grisonnantes, ses cheveux étaient du blond des blés après la moisson et ses yeux du même gris que l’aube. Elle portait une robe bleue et or, et sur sa cape blanche étaient brodés les armes de sa famille. Elle me laissa à la porte de ma chambre. En me saluant, m’adressa un nouveau sourire. J’avais hâte de commencer. J’attendis qu’elle tourne dans le couloir pour pousser le battant. Ma chambre était déjà prête. Mes bagages étaient là, les chandeliers étaient allumés, la bibliothèque contenait quelques grimoires qui semblaient fraîchement reliés. Je tombais sur mon lit sans même me dévêtir. La fatigue de ce dernier mois commençait à peser lourd.

Au matin, ma curiosité quant à l’étui serait assouvie. Au matin, je serais Apprentie.

La nuit passa. Une des meilleures nuit que je vécu depuis la mort de mon père. Je me levais une heure en avance et commença à étudier la chambre. Les grimoires semblaient neufs. En effet, ils avaient été fraîchement recopiés. Ils étaient d’excellente qualité. Jamais je n’aurais imaginé posséder de tels grimoires un jour. Il y avait deux robes propres et à ma taille dans une penderie en vieux bois. Je me souviens d’avoir choisi la plus fastueuse. Enfin, je portais mon attention sur l’étuis. Je l’ouvris doucement et renversa son contenu sur mon lit. C’était un bâton totalement gravé de symboles et monté d’une gemme sertie dans une griffe d’argent, au haut de la hampe. Il y avait aussi une épée d’argent pur, magnifiquement ciselée. Elle était étrangement froide au toucher. Je passais le fourreau par dessus ma propre ceinture, prenant le bâton dans la main gauche, reposant ma capuche au dessus de mes yeux, et attendis.

Elle ne tarda pas à s’ouvrir, dévoilant Lady Meril, enveloppée dans sa cape, une châle autour du coup, un large sourire fendant son visage.

« -J’ai un cadeau pour toi, jeune fille. » Sans en dire plus, elle dévoila ce qu’elle tenait serré contre elle. C’était un grimoire magnifique, d’une qualité largement supérieur à celle des grimoires de ma chambre, qui pourtant n’étaient pas ceux d’un mage de campagne. La reluire de cuir était au couleurs de l’automne et une chaine d’argent me permettait de passer ce grimoire à mon épaule. Elle entra en fermant la porte, m’ôta ma cape et plaça le grimoire. Elle semblait heureuse. je l’étais aussi. Jamais je n’avais eu de si riches cadeaux, de si beaux vêtement et une si vaste chambre. Mon apprentissage commençait sous les meilleurs hospices.

« – En route, jeune fille. J’ai beaucoup à t’apprendre, et la journée ne sera pas de trop. »

Nous traversâmes les couloirs jusqu’a arriver devant une petite porte couverte de lierre. Je pensais que c’était une porte arrière de la tour, en vérité, elle ouvrait sur un véritable jardin, dans les murs mêmes de la tour. L’herbe y était fraîchement coupée, les fleurs poussaient à leur guise sur les bords de la salle. Deux grandes fenêtres au fond faisaient pleuvoir une splendide lumière sur l’arbre, au centre. Un immense chêne dont les branches couvraient d’une ombre bienfaisante un petit banc de pierre à sa base.
« – C’est ici que nous t’apprendrons ce que tu dois savoir. J’espère que cet endroit te plait, car c’est ici que tu vas passer la majeure partie des sept ans à venir.
Je regardais avec émerveillement tout autour de moi. Et c’est avec un large sourire que je m’installais sur ce banc de pierre blanche, sous ce chêne centenaire, sur cette herbe fraîchement coupée, au coté de cette sage enchanteresse de noble lignage.

Et c’est ainsi que les cours ont commencé…

Automne Winterwind

Il faisait froid ce matin là. Et il neigeait. Je me souviens des mains de ma mère sur mes épaules, de son voile noir et de sa robe d’ébène. Nous étions seules avec le fossoyeur. J’avais pressenti ce moment. Ma mère aussi. Personne n’avait pris la peine de venir assister à son enterrement. Ils n’aimaient pas mon père. Et ils détestaient ma mère. Et me haïssaient plus encore. L’aberration bâtarde, la monstrueuse progéniture. Je me souviens des douces mains bleues de ma mère, de ses cheveux d’argent et de son regard de miel. J’étais la fille que ma kaldorei de mère et mon humain de père n’auraient jamais du avoir.

Il referme la fausse, lentement. Chaque pelletée est plus lourde que la précédente.

Bientôt il en a terminé avec sa tâche et s’en retourne au chaud. Nous restons là, toutes les deux. Je n’ai pas pleuré. Ma mère non-plus. Je me souviens de sa voix, à peine plus forte qu’un murmure dans cette tempête d’hiver.

« -Je vais m’en retourner vivre chez les miens, ma fille. Quant à toi, tu apprendras à développer tes talents à Stormwind. Tu ira jusqu’au bout, quelles que soient les épreuves. Quels que soient tes tourments. Tu achèvera ta formation de sorcière. Alors, et seulement alors, tu seras celle pourquoi nous t’avons donné la vie. »

Je hochai la tête en silence. En fait, j’étais même plutôt pressée de partir. La maison était fade et grise, sans père, ni mes frères. Nous faisions nos sacs en silence. Juste avant de partir, mère me tendit un long étuis de cuir, m’ordonnant de ne l’ouvrir que lorsque ma formation débuterait, et une lettre cachetée adressée au Premier enchanteur de la Tour de Stormwind. Nous sortîmes et allâmes chercher l’ombre d’un grand chêne, dans la cour. Je n’aimais guère la lumière du jour, ma mère encore moins. Je l’interroge du regard. Elle hoche la tête. J’ouvre la main. Une petite sphère de flammes y apparaît. Un cercle se forme sous la maison. L’instant d’après, elle est engloutie par les flammes.

Je reste quelques instants sous le chêne avant de rejoindre ma mère sur le sentier. Les derniers instants à regarder s’embraser l’enfance. Les derniers instants à voir se consumer les fantômes de mon passé.

Automne Winterwind