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Archive for octobre 2012

Claquement nocturne

Agenouillée sur le toit, elle observe la rue en contrebas, la nuit la couvrant aussi bien que son écharpe masque son visage. Elle attend, pistolet-arbalète à la main, le carreau empoisonné prêt à frapper lorsque claquera la corde. Les bruits de pas et de conversation des derniers fêtards glissent sur elle sans la toucher. Elle est concentrée sur sa proie, qui braille à qui veut l’entendre ses hautes fonctions. S’il savait. S’il savait que depuis le début, il était manipulé. Qu’il n’allait même pas avoir droit à cette ultime récompense qu’il se vantait déjà de posséder auprès des dames. Quatre pas. Un gros bonhomme rougeau l’accompagne. Son garde du corps, sans doute. Elle se fend d’un sourire, sous la soie verte qui lui couvre les lèvres. Trois pas. Ils se mettent à chanter, l’alcool rendant les paroles incompréhensibles et l’air douloureux à l’oreille. Deux pas, ils s’arrêtent un instant, répondant aux gloussements d’une catin. Un pas. Elle se redresse légèrement, tendant le bras.
Le claquement sec résonne dans la nuit et la ruelle, le sifflement ne parvient aux oreilles qu’au moment du coup sourd de l’impact. Il lève les yeux, surpris de n’avoir été touché qu’a la jambe. L’assassin se redresse complètement et lui adresse une gracieuse révérence. Alors qu’il ouvre la bouche pour se moquer de sa piètre précision, il se met à trembler, soudain gelé et en sueur. Lorsqu’il comprend, il est trop tard. Son visage n’a que le temps de se fendre en une grimace d’effroi lorsque qu’il tombe à terre, ses yeux aveugles tournés vers une pleine lune qu’ils ne verront plus jamais.

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Protecteur

Il se tenait entre sa Protégée et leurs assaillants. Ses autres Frères dormaient déjà à ses pieds. Seul rempart entre la jeune femme et les chasseurs de sorcière, il plongea son regarde vide d’émotions de celui de l’adversaire le plus proche. Elle se trouvait derrière lui, à quelques pas seulement, affaiblie et effrayée. Le Protecteur se mit en garde, ses blessures protestant sourdement. Le premier adversaire chargea et tomba dans le même élan, le ventre ouvert et les tripes répandues sur le sol. Ses amis hésitèrent, puis l’un deux cria et fondit sur l’homme, talonné par les autres. Leur faible expérience du combat était une faiblesse compensée par leur nombre. Les soldats expérimentés jonchaient déjà le sol humide de sang. Le Protecteur tint bon et trois autres hommes s’étaient effondrés lorsqu’un cri déchirant retentit. Il sut. Sa colère se libéra comme un torrent, exacerbant sa fureur. Les quelques survivants n’eurent pas le temps de comprendre. Ni de fuir. Impitoyable avatar de haine, le Protecteur les massacrait comme des animaux. Lorsque les deux morceaux du dernier cadavre touchèrent terre, il laissa tomber son épée et s’effondra à genoux à coté du corps de sa Protégée. Ses frères étaient morts. Sa Protégée était morte. Il avait échoué.
Alors qu’il s’abandonnait au désespoir, la poitrine de la jeune femme se souleva doucement. L’entaille sur son bras et son ventre n’étaient pas aussi grave qu’il l’avait estimée. Elle vivait.
Elle vivait.
Il ramassa son épée, ôta le masque de ses Frères morts, souleva doucement la jeune femme dans ses bras, toute trace de fureur envolée. Il l’emmena dans les ténèbres de la nuit, à travers la ville, jusqu’au Collège. Il n’avait pas échoué. Ses frères n’étaient pas morts en vain.
Elle vivait.

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