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Archive for novembre 2011

Le soleil se levait à peine. Sous un saule, une silhouette vêtue d’un long manteau l’observait. La capuche sur la tête, l’ombre portait un semblant de masque. Seul ses yeux étaient visibles. Les lumières de l’aube donnaient sur les feuillages des arbres. Le silence régnait en maître. Parmi le chatoiement des couleurs, une seule tache jurait telle une insulte à cette vision fantasmatique.
La cape était ample, la forme imprécise. Une homme ? Une femme ? Un elfe ? Peut-être une démonelle. Rien ne permettait de le deviner. On ne voyait que les yeux. De grands yeux. Un regard captivant. Il était facile de s’y perdre. Ses iris dorées hantaient les rêves de tous ceux qui les avaient un jour croisés. Une mèche de cheveux aussi flamboyants que l’astre sur les arbres barraient l’un de ces deux joyaux. La peau autour de ces yeux étaient livide. D’un blanc diaphane.

-Quelle magnifique journée…

La voix murmurante avant déchiré le silence avec un accent sépulcral. Si douce qu’elle fut, elle était froide. Glaciale. Impitoyable et tranchante.

-Comme tu dis, étranger. Mais tu n’as pas payé le droit de regarder ce ciel.

L’homme et ses quatre compères sortirent des bois et se positionnèrent en arc de cercle derrière la silhouette. Elle leur répondit avec le même ton qu’elle venait d’employer.

-Combien ?
– Ah ! Enfin une personne raisonnable ! Six pièces d’acier pour chacun d’entre nous.
-Vous vies valent beaucoup moins.
-Pardon ?!
-A peine deux pièces de cuivre pour votre pitoyable troupe.

Avant même que l’homme ai pu répliquer, ou même ouvrir la bouche, un claquement plus violent que l’orage retentit. Une balafre nette barrait le visage du bandit, et déjà le sang s’en écoulait. La silhouette s’était retournée. La capuche était tombé. De longs cheveux auburn flottaient dans l’air frais du matin, les yeux dorés brillaient d’un halo jaune pâle troublant, intimidant.
Un fouet en cuir blanc était apparut dans une main gantée d’un rouge grenat éclatant.

-Je me suis trompée. C’est vrai, vos vies valent beaucoup moins encore…
-Tuez cette catin !
-…elles ne valent déjà plus rien.

* * *

Le soleil se couchait. La journée avait été chaude. Une ombre se tenait là où une autre avait été. Mais elle n’observait pas le crépuscule descendre. Elle contemplait avec un sombre sourire ce qui restait des brigands. Depuis qu’elle marchait dans les pas de l’autre fantôme, c’était le troisième groupe semblable qu’elle retrouvait. Elle se redressa. sa stature imposante trancha un instant avec les troncs élancés des arbres. Large d’épaule, sa cape courte pendait dans son dos. L’ombre était masquée, la capuche rabaissée. Ses yeux étaient deux points noirs sertis sous des sourcils souvent froncés. Une épée, longue et fine, pendait à la ceinture de l’ombre.

Le feu brûlait dans l’âtre. L’auberge était emplie de senteurs de viande rôtie, d’effluves de bière et de conversations. La chaleur et la lumière régnaient dans la salle commune. Un coin d’ombre et de froid, éloigné des flammes, semblait désert. Les clients étaient aux tables, au comptoir ou près du feu. Dans la semi pénombre, deux yeux brillaient doucement. Une pinte était posée sur la table, pleine. Des doigts gantés de rouge glissaient sur les rebords de la choppe. Légèrement plissés, les yeux étudiaient une à une chacune des personnes présentes.

Le regard s’arrête sur un homme aux cheveux gris. Il discutait vivement avec un nain à la barbe soigneusement tressée. L’humain avait le bras robuste et la tenue d’un forgeron. Le regard continua son examen. L’homme portant un simple anneau au doigt. Hormis ce bijoux, ses doigts étaient nus. L’ombre s’intéressa ensuite à son visage. Il était parcheminé mais gardait des traces de son courage et de sa détermination passées. Ses épais sourcils surmontaient des yeux pâles. Gris, ou peut-être bleus.
Alors qu’elle détaillait le nain, la porte s’ouvrit en grinçant? Une silhouette imposante entra dans la taverne accompagnée d’un courant d’air froid qui arracha une volée de jurons aux plus avinés. Le nouveau venu balaya la salle du regard. Il s’arrêta sur les yeux brillants dans la pénombre. Il hocha la tête. Les deux gouttes d’or disparurent un instant. L’inconnu se dirigea droit vers l’ombre et tira une chaise.
La serveuse vint poser une pinte devant l’étranger qui la remercia d’un mouvement de tête. Un silence calme s’installa entre les deux ombres encapuchonnées. Chacun soutenait le regard de l’autre avec intensité. Le fantôme caressait toujours le haut de sa choppe du bout des doigts. L’étranger avait les bras croisés sur le dossier de sa chaise et la tête sur les poignets. Au bout d’un interminable moment, le silence fut rompu par une voix profonde et chaude, rappelant le crépitement d’un feu de cheminée.

-Cela fait quelques jours que je te cherche, Sigrid.
-On dirait que tu m’as retrouvée, répondit-elle de sa voix murmurante et douce.
-Tu as semé des traces.
Le fantôme eut un haussement d’épaules.
-Si peu… Mais dis moi, Odalrik, que me vaut se plaisir ?
-Ils veulent ta mort.
-Oh. Et tu es venu me protéger ? Elle se fend d’un demi-sourire sarcastique.
-Bien sûr que non, pour qui me prends-tu…

Les deux gouttes d’or brillèrent d’amusement tandis que leur propriétaire se relevait, partant vers sa chambre, talonnée par l’homme aux larges épaules.

Le manteau bleu nuit glissa à terre dans un doux froissement d’étoffes, révélant de hautes bottes blanches, et d’interminables jambes bien dessinées dans un pantalon de cuir de la même couleur que le manteau. La taille était ceinte par un long fouet blanc immaculé. La peau pâle du ventre soulignait admirablement une fine poitrine parfaitement moulée dans une demie-armure de cuir noir.Sigrid avait être dos à lui, Odalrik ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle était belle, et elle le savait. C’était d’ailleus une des nombreuses raisons qui faisait qu’elle voyageait dissimulée sous son lourd manteau.

-Tu apprécie la vue ?

Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir qu’il la détaillait. Elle se retourna vivement, faisant voler ses longs cheveux auburn autour de sa taille. Elle planta ses yeux dans ceux, noirs, d’Odalrik.

-Comme toujours..
-J’en suis ravie, répondit-elle dans un demi sourire. avant de reprendre. Quel est ton plan ?

* * *

K.’

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Le bal.

Ici commence le bal
Dans cette morne salle
La robe noire et sa flûte
Entament la ballade et exultent.

La pluie se déverse
Mélange d’eau et de sang
En une morbide averse
Sur ce qui reste des champs.

Et dans la ronde tournent
Morts et mourants
Et dans la ronde tournent
Nobles et déments.

Ici ne cesse le bal
Dans cette belle salle
La robe noire et sa flûte
Continuent la complainte de cette lutte.

Les cadavres pourrissent
Au bonheur des charognards
En cette nuit du solstice
Morts pour la rieuse gloire.

Et dans la ronde tournent
Les morts et les mourants
Et dans la ronde tournent
Déjà aux bras du néant.

Là continue le bal
Dans cette immense salle
La robe noire et sa flûte
Rient de ces brutes

Quel honneur dans ceci
Car aucune cause n’était leur
Et beaucoup ont fuit
Voyant leur dernière heure.

Ils sont morts pour rien
Croyant se battre pour le bien
Mais ils n’auront pas de repos
Délaissés par leurs dieux
Abandonnés au feu
Des anges du chaos.

K.

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Elle danse.

« Elle danse.
Elle danse, seule, à demi nue, au milieu de cette horde de visages aux sourires lubriques, et d’yeux qui la déshabillent.
Elle danse.

Une lame dans chaque gantelet. Ils ignorent.
Elle danse.

Une main s’avance, et un léger déclic retentit.
Elle danse.

Des cris de surprise, des hoquets.
Elle danse.

Des rubans rouges autour de ses mains, suivant sa folle course.
Elle danse.

Ils essayent de fuir.
Elle danse.

Un par un ils tombent.
Elle danse.

Elle danse, sur leurs corps, figeant leurs rictus.
Elle danse.

Jusqu’au dernier,
Elle danse… »

K.

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« Un bruit sourd. Le bois contre la pierre. Un second. L’acier cette fois. Son bouclier à terre, sa lame brisée dans ses mains, son armure maculée de sang cabossée et enfoncée par endroit. A genoux. Brisée. Les lèvres tremblantes, le regard relevé avec défi vers celui qui l’avait anéantie.
Une armure d’argent souillée de sang, tranchant de l’or et du bois de la salle du trône. Un fin sourire sous la capuche. Un bandeau sur les yeux. Battue par un aveugle… Le déshonneur et l’humiliation… Mais tous étaient morts autour d’elle. Plus de sujets. Plus de peuple. Anéantie. Plus la force de lever la tête. Ses pensées et sa vie s’écoulant de ses veines. Il la toise et se rit d’elle, appuyé sur le manche de son lourd marteau posé à terre. Froide caresse d’une lame sur sa gorge. Vidée. Plus de rage, plus de volonté. Froide caresse d’une lame glissant sur la peau. Chaud et bouillonnant flot de sang. Il sourit. Elle s’endort et s’affaisse. Il se baisse et la dépose doucement à terre. Il la regarde un instant, passé du sourire à la mélancolie. Combien étaient tombée ainsi ?Un geste bref de la tête. Il s’en va par les grandes portes. Une ombre parmi les ombres de la salle. Une psalmodie légère. Le frottement du tissus contre la pierre. Une silhouette en robe qui referme les portes derrière elle. Des flammes qui consument tout ce qui reste de la salle. La pierre, le bois, l’étoffe, l’acier, la chair, les os, l’âme et le souvenir d’une déchue.

Même les souvenirs se consument. Il ne reste qu’une ruine noircie à flan de montagne, abandonnée au temps et à l’oubli. »

K.

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Debout au milieu des morts.

« Debout au milieu des morts sur ce qu’il reste du champ de bataille. Ses amis morts à ses pieds, ses ennemis aussi. Il contemple tout ça avec un froid détachement, se caressant sa barbe maculée de sang et de sueur. Un joyeux massacre. Son marteau encore tiède et rougis se repose déjà sur son épaule. Quelques bosses et creux sur son armure. Il réparera ça de retour à la forge, avec une bonne bière. Peut-être deux. Les autres survivants sont déjà repartis. Sauf quelques trainard cherchant un ami en priant, sans grand espoir, qu’il ne soit que blessé. Jeunes loups imbéciles. Pas de survivants. Jamais. Il hausse les épaules et se retourne, sa cape en peau d’ours volant autour de lui, son armure en plates d’aurum sertie d’obsidienne lui donnant un aspect lugubre parmi les morts. Au loin, la montagne. Trois jours. Peut-être deux. D’ici peu il sera de retour chez lui, sous ses rassurantes tonnes de pierre. Les bruit de l’acier s’entrechoquant succèdera à au chant de l’enclume.
Jusqu’à ce qu’a nouveau on l’appelle. Jusqu’à ce qu’a nouveau, il laisse libre court à sa véritable nature.

Une main sur son marteau, l’autre se grattant la barbe, avec comme seule pensée l’ours à la bière qui l’attendra sur la table, le reste de l’assaisonnement versé dans son habituelle choppe en bois, sur le rebord de la cheminée où ronflera un bon feu, la pipe posée sur la chaise. »

K.

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« Les tirs fusent dans l’espace. Tout autour d’eux. Leurs boucliers tiennent encore, mais pour combien de temps. Presque tous les chasseurs ont déjà été abattus. Les batteries sont saturées. Trop de cibles, trop de paramètres.
-Vos ordres, Commandant ?
Il le toise. Trop impulsif. Trop aveuglé par ses rêves de gloire et de grandeur. Il secoue la tête.
-Préparez un bond.
-Mais, les chasseurs…
-Sont déjà perdus. Et nous avec.
-Mais commandant…
-Quittez le pont.
-Pardon ?
-C’est un ordre, Lieutenant.
Il exécute un rapide salut. Il apprendra avec le temps.
-Officier, préparez un bon aux coordonnées de secours.
-Bien Commandant.
-A toutes les batteries, concentrez le feu sur le croiseur.
-A vos ordres.
-Bond prêt.
-Faites revenir les chasseurs.
-Tout de suite.
-Préparez vous pour le bond. A mon signal. 3. 2. 1. Maintenant.
A cet instant, une lourde déflagration toucha le cuirassé. Tout de suite après, une vive lumière, et il avait disparu.
-Rapport des avaries ?
-Les secteurs 4, 8, 11 et 14 sont exposés au vide. Les secteurs 8 et 12 on été gravement endommagés, mais pas dépressurisés.
-12 des 152 chasseurs ont pu apponter avant le bond.
-Le nombre de mort s’élève à 1023 sans compter les pilotes. 4327 blessés.
-Le réacteur a fission à été endommagé par la torpille. Seuls les moteurs conventionnels sont utilisables.
-Boucliers à 1%
-Les batteries LEN et LaF sont neutralisées. Seules les batteries de missiles et les torpilles nucléaires sont en état.
Il passe la passerelle en revue et hoche doucement la tête. Il a connu pire.
-Je suis fier de vous. Ne pleurez pas les morts. Vous aurez le temps de le faire plus tard. Pour l’instant, nous avons une guerre à gagner.
Et en se retournant, son manteau volant sous ses spallières, il quitta le pont… »

K.

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